Mise à toutes les sauces depuis plusieurs années, l’hypnose a sa horde de fans convaincus et son lots de détracteurs qui assimilent la pratique à une arnaque. Or l’hypnose est utilisée dans de nombreuses thérapies, notamment pour le sevrage de la cigarette, la lutte contre la boulimie ou l’anorexie, ou plus simplement un régime, la lutte contre les phobies. Elle est même utilisée en chirurgie, pour éviter les anesthésies générales.

Cette pratique, plus que les autres, emporte la conviction. Autant dans le cas de thérapies, on peut effectivement « imaginer » un effet placebo, ou l’utilisation d’autres outils (l’hypnose étant rarement utilisée seule), autant dans le cadre d’une intervention chirurgicale, il est difficile de croire que le patient fait semblant de ne pas souffrir.

Une femme allongée sur un divan

Femme en état de relaxation profonde et d’hypnose

Si cela marche, et aussi bien, il y a une raison.

L’hypnose, mythes et réalités

L’hypnose n’est pas du tout un état d’endormissement soudain, dans lequel l’hypnotisé perdrait toute conscience de la réalité et toute volonté. Si certains états hypnotiques peuvent aller jusque là, dans la plupart des cas, la personne va rester consciente de ce qui l’entoure.

Les émissions de télévision qui montrent des hypnotisés faire des choses contre leur propre volonté relèvent plus du spectacle de cirque avec acteurs qu’autre chose.

L’hypnose est, selon sa définition officielle, un état modifié de conscience. Donc vous êtes conscient. Par contre, l’esprit perd plus ou moins la conscience du corps. C’est l’état de béatitude qu’on peut avoir sur une chaise longue au soleil, ou bien l’état nettement plus dangereux qui endort l’attention du cerveau pendant que l’on conduit. Dans le premier cas, c’est le bien être qui laisse notre esprit flotter, dans le second, l’ennui nous fait porter notre attention sur autre chose que le monde qui nous entoure.

Personne au centre d'une spirale

L’hypnose induit un changement d’état de conscience, pas un endormissement

Nous sommes alors dans un état d’auto-hypnose, léger, mais où nous avons réussi à nous mettre sans aide extérieure.

État modifié de conscience, et plus particulièrement détaché des perceptions corporelles. Ce qui permet donc deux choses différentes : de les ignorer (c’est ce qui se produit pendant une intervention chirurgicale sous anesthésie) ou de se concentrer sur autre chose, le message de l’hypnotiseur.

Pour fonctionner, l’hypnose nécessite donc un accord de l’hypnotisé.

C’est une chose que ses détracteurs lui reprochent, et pourtant, quand on comprend son mécanisme, c’est normal. Si notre esprit est – au moins partiellement – occupé à se défendre contre l’hypnotiseur, cet état de conscience ne peut pas se mettre en place. Par contre, quand on collabore, le langage de l’hypnotiseur va court-circuiter le circuit mental, pendant que le cerveau produit des endorphines. Ces dernières lèvent les inhibitions et suppriment le stress.

Qu’est-ce qu’un bon hypnotiseur ?

Un bon hypnotiseur est donc un praticien qui utilise une technique au service d’un objectif. Ce qui veut dire qu’on n’est pas « seulement » hypnotiseur, là on retourne dans le domaine du phénomène de foire, on est médecin et hypnotiseur, ou psychothérapeute et hypnotiseur, ou coach et hypnotiseur, sophrologue, etc.

Ensuite, un bon hypnotiseur est quelqu’un de formé. Il a suivi une formation à l’hypnose (il existe de nombreuses certifications internationales), dans l’idéal, dans le cadre de sa formation à une technique de thérapie (PNL, etc).

Praticien écoutant une patiente en état d'hypnose

Praticien d’abord, utilisant l’hypnose dans le cadre d’une thérapie courte

Les thérapies brèves, en particulier la PNL et les travaux de l’école de Palo Alto ont d’ailleurs été fortement influencés par les travaux de Milton Erickson, un médecin américain qui a donné son nom à une méthode d’hypnose (hypnose ericksonnienne) largement pratiquée en thérapie.Une thérapie en hypnose ericksonnienne dure une dizaine de séances au maximum, à raison d’une séance par semain.

La particularité de l’hypnose ericksonnienne est de refuser toute injonction. Le praticien ne manipule pas l’hypnotisé, il l’accompagne dans ses perceptions.

Un bon hypnotiseur est donc, en dehors des aspects purement technique, un praticien qui respecte la personne et qui ne tente pas de lui imposer quoi que ce soit, en particulier de faux souvenirs (une pratique sectaire).

Les utilisations de l’hypnose

Perdre du poids

L’hypnose va permettre au patient de se visualiser mince, et / ou repu. Il est possible d’ancrer cette sensation avec certains gestes, par exemple, se pincer l’oreille. Ensuite, quand il sent qu’il va céder à une sensation de boulimie, le patient peut plus facilement rappeler cette sensation en effectuant le geste d’ancrage. Selon l’ampleur de la prise de poids, le programme sera plus ou moins complet. Il doit être personnalisé, pour permettre de travailler sur les habitudes de grignotage, éliminer à la source les fringales.

Arrêter de fumer

L’automatisme est très présent dans la pratique des fumeurs, en plus de la dépendance physique à la nicotine. L’habitude d’allumer une cigarette dans certaines situations (stress, réflexion, café) conduit à fumer « sans le vouloir ». L’hypnose est un outil puissant pour lutter contre ces automatismes et aider le patient à les déprogrammer.

Cigarette écrasée

L’hypnose est particulièrement adaptée pour lutter contre certains mécanismes qui poussent à fumer

Lutter contre la douleur

Ericksonn souffrait de nombreux problèmes de santé, en particulier de deux attaques de polio qui le laissèrent à chaque fois souffrant et invalide, en fauteuil roulant. Il a utilisé l’hypnose – ici l’autohypnose – pour lutter contre la douleur. Le mécanisme consiste à concentrer l’attention sur une autre partie du corps, pour détacher l’esprit de la douleur. Ericksson, a la fin de sa vie, avait l’habitude d’appuyer son larynx sur le dossier de son fauteuil, pour provoquer une sensation d’inconfort qui lui permettait de se détacher de ses véritables douleurs.

Hypnosédation : la chirurgie sans anesthésie totale

L’hypnosédation consiste à associer l’hypnose à une anesthésie locale, pour éviter une anesthésie générale. L’anesthésie locale permet de supprimer la douleur pendant l’opération, l’hypnose permet de maintenir le patient dans un état de calme et de détente qui lui permet d’assister à son opération sans stress. Elle intervient aussi en post-opératoire, pour lui permettre de lutter contre la douleur.