Le point sur le tourisme médical
C’est la fin de l’été, de nombreuses personnes auront profité de leurs congés payés pour allier tourisme et soins médicaux. S’il ne venait à l’idée de personne, il y a vingt ans, de gâcher des jours de vacances au fin fond d’une clinique, le tourisme médical s’est fortement développé depuis une dizaine d’années, essentiellement pour des raisons économiques. Cependant, cette recherche des soins à moindre coût n’est pas la seule raison : on peut aussi aller à l’étranger pour y pratiquer un acte médical interdit dans son propre pays, ou pour subir une intervention qui n’est pas possible à domicile.
Dans tous les cas, le tourisme médical est une pratique à risque, dès lors qu’on s’aventure sur le terrain chirurgical. Ce n’est pas faute de le répéter ici, ou sur tous les sites d’information médicale : en matière de soins pratiqués à l’étranger, quand cela va mal, tout dérape très vite et les économies réalisées initialement s’envolent. La prise en charge par la sécurité sociale n’est pas toujours possible, le recours légal encore moins.

Le tourisme médical se développe partout dans le monde
Pourtant des milliers de touristes pratiquent maintenant chaque année ce type de séjour, et les interventions sans problème sont largement plus nombreuses que les autres.
Où aller pour faire quoi ?
Peu à peu, des pays se sont spécialisés dans différentes interventions. Le Maghreb, par exemple, est particulièrement renommé pour les interventions de chirurgie esthétique, il a en plus l’avantage d’être francophone et relativement proche.
Pour les soins dentaires, le choix est vaste, entre la Hongrie, la Pologne et l’Espagne. Ces trois pays ont le grand avantage d’être en Europe, ce qui facilite énormément les choses pour l’éventuel remboursement par la sécurité sociale ou la prise en charge par la mutuelle. L’Espagne est peut-être plus adaptée à une combinaison vacances + soins, elle est la plus proche de ces trois pays et on y trouve beaucoup de français expatriés et d’espagnols parlant français.
En matière d’ophtalmologie, les pays asiatiques sont renommés pour des lunettes de qualité à petit prix, faites dans la journée. L’aspect médical est annexe et sans risque, il permet de rembourser une partie du voyage (ou la totalité, si l’on a plusieurs paires de lunettes à faire faire, ou des problèmes complexes). La Turquie a une très bonne réputation pour les opérations de chirurgie des yeux,
Des chirurgies lourdes comme les opérations cardiaques peuvent aussi se faire à l’étranger. L’Inde et la Thaïlande ont une offre importante. Le cas de l’Inde est extrêmement particulier. Ce pays permet effectivement de se faire soigner à bas prix, mais il a aussi attiré des patients uniquement à cause de la qualité des soins proposés. Les chirurgiens indiens ont en effet développé ou adopté avant d’autres pays des techniques d’avant-garde, comme le Birmingham Hip, une opération qui permet d’éviter une prothèse totale de la hanche en cas d’arthrite sévère.

Certaines destinations se sont spécialisées, l’Asie en particulier sur les soins optiques et la chirurgie cardiaque
Que faire en France ?
Toutes les chirurgies et les traitements lourds, en particulier ceux liés aux cancers, aux maladies génétiques. Si les risques liés à une rhinoplastie, à un lifting ou à une liposuccion restent malgré tout modérés, permettant de pratiquer ces opérations à l’étranger, il y a d’autres pathologies qui ne peuvent tout simplement pas être traitée dans certains pays. Ou alors, le coût du traitement local est, paradoxalement nettement plus élevé qu’en France.
Dans ce cas, le sens du tourisme médical s’inverse. La France accueille chaque année des patients qui viennent subir des chimiothérapies avancées, des opérations cardiaques ou de la chirurgie esthétique lourde (reconstruction du visage, par exemple).
Les frontaliers belges et suisses apprécient aussi se faire soigner en France, Grenoble est donc devenue une destination de tourisme médical ! Mais n’oublions pas que la Suisse, avec ses sanatoriums et ses eaux de source, est aussi un pays de tourisme médical.
Et l’avantage d’une cure thermale, c’est qu’elle est sans grand danger.
Y aller ou pas ?
La première chose à faire, avant de sauter le pas, est d’établir un budget détaillé. Les offres de tourisme médical, désormais relayées par des agences de voyage spécialisées font souvent l’impasse sur certains coûts. Lorsque l’on prend en compte la totalité de ceux ci (billets d’avions, hébergement hôtelier), même en l’absence de risque, le bénéfice fait sur l’opération peut fondre comme neige au soleil.
La seconde est d’en parler, honnêtement, avec votre médecin traitant. Parce qu’il pourra vous expliquer, de façon claire, les risques que vous courrez, les précautions à prendre (comme éviter de surcharger son voyage avec trop d’opérations), estimer avec vous la balance risque – bénéfices.
La troisième est de se renseigner sur la qualité du prestataire. Internet, ses forums, ses pages Facebook… tout cela se permet de se faire une idée.
Ensuite, vous pourrez choisir de faire vos valises… ou pas !