Partir en vacances en Asie, en Afrique, au soleil… oui, mais souvent sur le territoire de l’anophèle, un moustique vecteur d’une des maladies dangereuses pour l’homme les plus répandues : le paludisme.

Le paludisme (ou malaria) est une maladie dangereuse

Le paludisme, que les anglais appellent malaria, est une maladie infectieuse, transmise à l’homme par un parasite, le Plasmodium, par l’intermédiaire de la piqure d’un moustique infecté, une anophèle femelle qui a généralement attrapé le parasite en piquant une personne déjà atteinte.

Vue de profil d'un anophèle sur peau humaine

Moustique anophèle femelle gorgé de sang

C’est une maladie dangereuse, qui fait plus d’un million deux cent mille morts par an, essentiellement en Afrique. Mais pas seulement… mal soigné, pris trop tardivement, ou simplement déclaré sur une personne déjà fragile, le paludisme fait aussi des morts dans les pays développés. En France, on connait plusieurs milliers de cas de paludisme importé chaque année, et on compte une vingtaine de décès.

La maladie a des formes légèrement différentes selon le type de parasite, elle met entre une et trois semaines à se déclarer, avec un premier gros accès de fièvre avec tremblements qui peut s’accompagner d’autres symptômes classiques des infections fiévreuses (les maux de têtes, les courbatures, la toux, la diarrhée ou les vomissements).

Ce qui est particulier au paludisme, c’est que la fièvre va alterner avec des sueurs froides et des moments de transpiration très forte, sur des cycle de deux, trois ou quatre jours, en fonction des parasites.

Ce sont les anciennes fièvres doubles, tierces et quartes que connaissait l’Europe et dont on trouve encore souvent mention dans les romans un peu anciens, jusqu’au XIX°

En effet, le parasite du paludisme n’est pas spécifiquement africain ou tropical. Originaire d’Afrique, il s’est répandu dans toute l’Europe, l’Asie, et l’Amérique avec les premiers colons.

Avant que l’on comprenne son mode de transmission, le paludisme était endémique aussi en Europe, en particulier dans les zones marécageuses, qui favorisent la prolifération du moustique agent transmetteur. Même dans les villes, les épidémies de paludisme pouvaient frapper. Si le Baron Haussmann a rénové Paris, il a aussi rendu ses habitants malades : les grands travaux ont créé des mares et des flaques d’eau stagnantes bien plus nombreuses qu’à l’habitude, qui ont fait le bonheur de Madame Anophèle.

Carte mondiale avec les pays où le paludisme est présent indiqué en rouge et orange

Zones de prévalence du paludisme par niveau de risque

Les quatre parasites responsables du paludisme

Il est important de faire la différence entre les quatre parasites qui peuvent causer le paludisme, parce que :

  • ils ne se combattent pas avec les mêmes molécules
  • ils ne se trouvent pas dans les mêmes régions
  • l’un d’entre eux est réellement dangereux, c’est

Il n’existe pas de vaccin efficace

Vue du parasite au microscope électronique

Le parasite du paludisme au microscope

L’éradication du paludisme est donc passée par un assainissement de l’environnement, le comblement ou l’éloignement des mares (un moustique a un rayon d’action de 300 mètres environ), puis, avec la découverte du DDT, par des campagnes de vaporisation intense pour détruire les insectes. Aujourd’hui, on tente de développer une race de moustiques OGM anti-paludisme, en oubliant à quel point ce genre d’initiative peut déclencher des catastrophes écologiques (cf. l’introduction des lapins en Australie).

En effet, il n’existe pas de vaccin efficace, malgré tous les efforts engagés, et même les traitements médicamenteux postérieurs à l’infection ne permettent pas de se débarrasser avec certitude du parasite. Il peut arriver que celui-ci reste inactif dans l’organisme pendant longtemps, puis se réveille. La durée la plus longue constatée a été de trente ans…

De plus, les moustiques ont développé une résistance au DDT, à force. Autrefois, on traitait le parasite avec la quinine, mais si ce traitement peut faire tomber la fièvre, il n’empêche pas le parasite de s’installer dans l’organisme, et de se réveiller ensuite, même plusieurs années après.

Il est donc essentiel, quand on part en vacances dans des zones où il y a du paludisme – ce qui est souvent le cas des vacances d’hiver au soleil – , de faire tout ce qui possible pour éviter d’être contaminé. Cela passe par une prévention médicamenteuse et une hygiène et des réflexes pour éviter simplement d’être piqué.

Bien évidemment, quand on part pour une longue durée dans une zone infectée, la prévention doit être plus forte !

La prévention médicamenteuse : quatre médicaments aux effets secondaires lourds

Le choix du médicament doit obligatoirement être fait par un médecin spécialiste des maladies tropicales. Néanmoins, il est – comme toujours – recommandé de s’informer et de discuter avec son médecin. En particulier, cela permet de bien comprendre la balance risques – avantages et d’identifier les effets secondaires qui doivent vous alerter.

La Nivaquine

A base de chloroquine, la Nivaquine est un des plus anciens médicaments contre le paludisme. Beaucoup de sources sont devenues résistantes, elle est limitée aux zones de type 1.

En traitement préventif, elle doit être prise dès le jour du départ, et jusqu’à quatre semaines au retour.

Ses effets secondaires les plus courants :

  • effets sur le système digestif, générant des diarrhées, des nausées et vomissements ;
  • troubles passagers de la vision (vision floue) ;
  • migraines et maux de tête, pouvant évoluer vers des polynévrites ;
  • réactions allergiques, pouvant prendre la forme d’urticaires ou d’oedeme de Quinck.

Beaucoup plus rarement, on peut avoir des problèmes psychiatriques (stress, anxiété, difficultés à dormir).

La Malarone

C’est un composé de deux molécules, l’atovaquone et le proguanil (le proguanil est aussi utilisé en association avec la nivaquine dans la Savarine). A la différence de la Nivaquine, ce médicament tue le parasite avant qu’il s’installe dans le foie. L’avantage est qu’on peut arrêter de le prendre beaucoup plus rapidement que la Nivaquine (au bout de sept jours).

La Malarone peut affecter le système sanguin et déclencher une anémie. Les migraines sont extrêmement fréquentes, les vertiges fréquents. On mentionne des abcès dans la bouche, des fièvres et de la toux.

Comprimés de Malarone

Comprimés de Malarone

Néanmoins, elle reste un des médicaments préventifs efficaces en zone 3.

La Doxycycline, commercialisée sous plusieurs noms

La Doxycycline est un antibiotique à large spectre, commercialisée au départ sous le nom de Vibramycine, mais aussi Vibrox, Periostat, etc.

Elle est utilisée dans le traitement de nombreuses maladies, la syphilis, les chlamydioses, le choléra, la peste… le paludisme (et elle semble efficace, dans certains cas, dans le traitement de la maladie de Lyme).

Ses effets secondaires incluent un risque de photosensibilisation (ça tombe bien, les vêtements font partie de la prévention du paludisme !), elle peut provoquer des abcès et des atteintes hépatiques.

Le Lariam, le plus lourd des quatre

Le Lariam est un traitement lourd. A la différence des autres, il se prend une fois par semaine. Il a été largement utilisé par les militaires et par les expatriés, sans doute parce que sa prise moins fréquente est plus pratique.

A cause de la lourdeur de ses effets secondaires, il doit impérativement faire l’objet d’une prise d’essai une quizaine de jours avant le départ.

Il a commencé à faire l'objet d'une polémique, car ses effets psychologiques se sont révélés nettement plus lourds qu’estimés initialement, on lui attribue même des suicides avec suffisamment de certitude pour que cela soit mentionné par l’OMS et que le fabricant modifie sa notice.

Les autres méthodes de préventions

Même dans une « zone » de paludisme, le niveau de risque est différent selon qu’on est en ville ou à la campagne, dans un quartier chic ou dans une petite maison, etc. Il appartient donc à chaque personne d’estimer ce qu’elle doit faire. En tout état de cause, comme les médicaments n’offrent pas de protection à 100%, il est important de mettre en place d’autres protections. Qui ont l’avantage d’être efficaces contre TOUS les moustiques, même ceux porteurs du Zyka, et qui vous éviteront de douloureuses démangeaisons !

La moustiquaire, simple à mettre en place et efficace

La moustiquaire, simple à mettre en place et efficace

Moustiquaires et vêtements longs et clairs

A partir de la tombée de la nuit, porter des vêtements longs, de couleur claire. Ne pas oublier les chaussettes.

Dans la même logique de barrière contre les moustiques, la moustiquaire est quasiment obligatoire. C’est une méthode de protection simple à mettre en place, sans aucun effet secondaire, il serait réellement dommage de s’en priver. Faites simplement attention à bien la fermer !

Répulsifs, insecticides et parfums d’ambiance

En général, les moustiquaires sont imprégnées de produits insecticides, qui résistent à plusieurs lavages. On peut aussi en imprégner ses vêtements. Les produits comme InsectEcran s’utilisent aussi directement sur la peau, mais peuvent provoquer des démangeaisons.

Quant à la citronelle… son efficacité est assez limitée, soyons honnêtes. Elle a néanmoins l’intérêt de parfumer l’air agréablement !

Apéro sans alcool

Eh oui, la sobriété est une bonne mesure de lutte contre le paludisme. Contrairement à l’image véhiculée par les romans et les films, l’alcool n’est pas une prophylaxie et – surtout – on a découvert que l’odeur de l’alcool attire les moustiques !