Comprendre le système de santé québécois
Année après année, le Canada reste un des pays les plus attirants pour ceux qui souhaitent d’expatrier. Entre 2008 et 2012, selon les statistiques du Ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles du Québec, plus de 255 000 nouveaux arrivants se sont établis dans la province! Parmi les structures les plus complexes à comprendre pour ceux qui s’installent au Québec, on retrouve le système de santé.
L’obtention d’un médecin de famille, la distinction entre les différents établissements de santé et la mixité entre le public et le privé sont trois sujets qui peuvent s’avérer très complexes à assimiler! Si la vie de l’autre côté de l’Atlantique vous intéresse, l’article qui suit pourrait grandement simplifier votre passage dans les hôpitaux, cliniques médicales et CLSC de la belle province.

L’hôpital central de Québec
La fameuse « pénurie » de médecins
Au Québec, les universités forment des médecins généralistes, nommés « médecins de famille », dont la tâche est de faire le suivi de santé de certains patients en plus de leur prescrire les soins appropriés.
C’est une courroie de transmission reliée à plusieurs autres spécialistes : il vous envoie chez le pharmacien pour les médicaments sur ordonnance, il vous réfère à un urologue si vous avez un trouble de prostate, il s’occupe même de votre suivi de grossesse dans plusieurs cas.
Vous devinez que son rôle est critique : si vous avez des troubles urologiques, par exemple, vous n’aurez pas le choix de passer par un médecin de famille pour que votre consultation avec un spécialiste soit couverte par le régime d’assurance maladie public. Parler de pénurie pour un professionnel aussi en demande n’est ainsi pas de bon augure.
Au Québec, on dit que 25% des gens n’ont pas accès aux services d’un médecin de famille, un chiffre qui serait deux fois supérieur aux autres provinces selon Dr. François-Pierre Gladu, de l’Institut de gériatrie de Montréal. Malgré cela, on y retrouve 20% de médecins qu’ailleurs au pays!
Les spécialistes ne voulant pas accepter plus de patients, l’appareil de santé est bloqué. Le débat fait rage depuis plus d’une décennie sur les raisons de ce déséquilibre mais tous les Premiers Ministres s’y sont cassé les dents jusqu’à présent.

L’hôtel Dieu de Montreal est menacé de fusion avec le nouveau CHUM. Son personnel proteste
Notons qu’à Montréal, là où s’établit la majeure partie des nouveaux arrivants, la proportion de patients orphelins passe à 32.4%.
Je n’ai pas de médecin de famille, que faire?
Pour remédier à ce manque flagrant de médecins généralistes, il existe des cliniques sans rendez-vous. Les gens s’y présentent et sous la règle du « premier arrivé, premier servi », ils peuvent rencontrer le médecin pour obtenir son avis sur un problème médical, une prescription ou une référence pour rencontrer un spécialiste.
Pour obtenir une rencontre, il est nécessaire d’arriver plusieurs heures à l’avance. Une clinique ouverte dès 8h00 du matin verra souvent des patients faire la queue à partir de 5h00 ou 6h00 du matin! Heureusement, depuis peu, la prise de rendez-vous par système téléphonique automatisé a commencé à être mise en place dans quelques cliniques du Québec.
Quelle différence y a-t-il entre les différents établissements?
Devriez-vous rencontrer votre médecin, aller à l’hôpital ou passer par le CLSC si vous êtes gravement blessé?
Pour cette situation, foncez directement à l’hôpital, où se trouvent les fameuses salles d’urgence du Québec.
Il existe un système de triage qui donne priorité aux patients dont la vie est menacée à court terme ; moins votre problème est grave, plus vous pourriez rester longtemps dans la salle d’attente. Selon Michel Kelly-Gagnon, PDG de l’Institut économique de Montréal, le temps d’atteinte moyen dans les urgences de la métropole est de… 20 heures ! 28.1% des patients restent plus d’une journée sur les lieux, signe que l’hôpital est souvent utilisé pour des problèmes de santé peu importants.
La différence entre la clinique médicale et les CLSC (Centre Local de Services Communautaires) est parfois ambiguë même pour les Québécois.

L’entrée d’un C.L.S.C. à Québec
Le CLSC sert principalement aux soins pour les populations plus à risque comme les jeunes enfants et les personnes âgées, mais également pour les actes médicaux simples. Les gens s’y rendront pour des cours prénataux, pour leurs vaccins, pour des prises de sang et les personnes maintenues à domicile recevront souvent des visites d’infirmières du CLSC.
La clinique médicale, enfin, est le lieu pour voir votre médecin de famille, pour rencontrer un médecin sans rendez-vous ou pour rencontrer un spécialiste.
La partie privée du système de santé
Bien que les médecins de famille fassent nécessairement partie du réseau public, cela ne veut pas dire que certains d’entre eux ne travaillent pas aussi au privé pour arrondir les fins de mois. La Clinique 2 Tours, située à Montréal, est un exemple de clinique médicale qui œuvre hors du secteur public. On y retrouve certains services qui sont offerts par les CLSC, comme la prise de sang, à la différence qu’il faut payer et que les rendez-vous sont plus faciles à obtenir.
Les cliniques privées vont également offrir des services complémentaires comme l’ostéopathie et la consultation en nutrition. Les spécialistes misent sur une approche plus « personnalisée » et, dans QUELQUES cas, les traitements peuvent être couverts par les assurances collectives des travailleurs.
Certains partis politiques visent à offrir une plus grande place au système privé au Québec. Comme certaines chirurgies ont des listes d’attente de plusieurs mois, permettre aux médecins spécialistes d’opérer dans leurs cliniques privées contre rémunération supplémentaire aiderait, selon ces ténors, à désengorger les hôpitaux publics. À l’heure actuelle, très peu de chirurgies se font au privé.

Vue aérienne du futur C.H.U.M. (C.H.U. de Montréal) – illustration d’architecte
Assurance maladie et nouveaux arrivants
Pour bénéficier des soins de santé gratuits du Québec, il est nécessaire de s’inscrire au régime d’assurance maladie public, qui coûte aux environs de 600$ chaque année. Alors que cette option est la plus avantageuse pour les travailleurs lambda, les étudiants et les touristes utilisent plutôt l’assurance santé voyage ou les ententes de sécurité sociale négociées avec le Québec.
Si vous travaillez pour une entreprise qui offre une « assurance collective », d’un autre côté, vous serez couverts.