Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de quelqu’un qui a arrêté de bloguer, et ne s’occupait ni de tourisme médical, ni de spiruline. Quelqu’un que je ne connaissais pas (parce qu’il était DotClear et moi WordPress) jusqu’à il y a quelques jours, quand le web a commencé à lui rendre hommage. Quelqu’un qui a vécu une histoire « web » et une histoire « maladie » et dont les textes que je découvre maintenant me font regretter de ne pas l’avoir lu plus tôt.  Beaucoup de blogueurs rendent hommage à François Granger, peut être que le billet qui m’a le plus touchée est celui d’Otir, que je lis régulièrement. Une grande partie de sa vie aura été vécue sur et avec le web, ou grâce au web, puisque c’est le blog et les rencontres de blogueurs qui lui permettront de vivre son histoire d’amour avec Elle, avec qui il fondera une famille.  Son combat contre le cancer fut l’occasion d’un blog, qui fut, d’abord anonyme, puis ensuite plus à découvert, une fois le long congé de maladie commencé, un carnet de route à deux voix.

Ce n’est pas le premier blog de ce type que je lis. Ce n’est pas la première fois que j’ai la surprise de pouvoir continuer à « entendre » quelqu’un qui n’est plus, à travers un site qui continue de vivre. Parfois, sur certains portails, les commentaires continuent, de passants ignorants, et on reçoit une notification. Etrange dialogue avec l’absent qui se poursuit, jusqu’à ce que l’abonnement prenne fin, ou qu’un proche, enfin, retrouve les codes, ou prenne l’initiative de faire ferme le site par l’hébergeur.

Internet est un bon outil pour cela. Il permet l’information, et le partage, d’une façon un peu distanciée. Peut être est il plus facile pour une personne de parler de sa chimiothérapie sans se montrer ? Plus facile de garder l’humour qui sauve bien des choses, quand il n’y a pas, pour souligner la difficulté des mots, une voix éraillée, un corps fatigué ? Plus facile aussi de conserver sa dignité quand on ne parle que de ce que l’on souhaite dévoiler, sans être obligé de se livrer crûment au regard de l’autre ?

Internet permet aussi le partage avec d’autres, sur le même chemin, loin, ailleurs, qu’on n’aurait peut être jamais croisé « dans la vraie vie » (comme si internet était une « fausse vie », parce que dématérialisé), l’ouverture parfois sur d’autres cures (dans un tout autre domaine, c’est ce que raconte Otir), et en même temps l’étalement du charlatanisme le plus bête (combien de sites ai je vu qui prétendent guérir du cancer en buvant de la citronnade… vous m’excuserez de ne pas vous en donner les liens).

Si la note de ce soir est triste, j’ai décidé, pourtant de faire une place plus grande à ces blogs des « vrais gens », des gens qui utilisent internet simplement pour partager, et qui ne se soucient pas de communiquer ailleurs que sur leur blog. Je vous les rajouterai peu à peu, en vous encourageant à les visiter, parce qu’ils enrichissent mes journées.