La première scène du film Supercondriaque montre Dany Boon en train de frénétiquement rechercher sur Google ce qui correspond à ses symptômes. Et effectivement, le web a révolutionné l’accès à l’information médicale. Ici, à MedicActu, on est aux premières loges pour voir les évolutions, et on a eu envie de faire le point.

Quand Dany Boon rechercher sur Google

Quand Dany Boon rechercher sur Google

Le changement de statut du médecin

Avant, à l’époque où l’accès à l’information médicale était réservée aux professionnels ou à ceux capables de s’offrir le Vidal, le médecin avait un statut de « savant omnipotent ». Faute d’accès direct, le patient était le plus souvent infantilisé dans une relation où il ne pouvait pas confronter ce que son médecin lui disait à d’autres sources, sauf à visiter un confrère.

En particulier, le médecin gardait le pouvoir de divulguer ou pas au malade ce dont il était atteint. Le plus souvent, le secret était de mise, pour ne pas « désespérer », ce qui rendait le patient encore plus incapable de s’informer.

Aujourd’hui, et particulièrement sur des pathologies pointues, le médecin, particulièrement le généraliste, est souvent face à des patients mieux informés que lui.

Certains le vivent très mal, comme une menace et une remise en cause. D’autres au contraire, l’apprécient. On lit souvent chez les médecins blogueurs, des récits de ces situations, avec la réponse « je ne sais pas, je vais me renseigner ». La relation médecin-patient devient une vraie coopération.

Les médecins ont-ils raison de se sentir menacés ?

Pour certains, il faut bien le reconnaître, la réponse est clairement oui. Nous avons été surpris, pour ne pas dire plus, de voir le nombre de commentaires de gens qui souffrent du coccyx et à qui leur médecin répond qu’il n’y a rien à faire, alors que c’est totalement faux.

Oui, il y a trente ans, il n’y avait pas grand chose à faire. Mais les choses évoluent très vite. Dans ce cas précis, un médecin, le docteur Maigne, a fait faire d’énormes progrès à la médecine.

Il est paradoxal que ce soit monsieur Tout-le-Monde qui se retrouver à consulter régulièrement les infos santé et que le praticien refuse de se renseigner. Quand des personnes nous expliquent, dans les commentaires, que leur médecin a refusé de les entendre, qu’elles souffrent, parfois depuis plusieurs années et qu’on leur oppose une fin de non-recevoir, on se dit qu‘il y a une différence entre « ne pas être au fait d’une pathologie pointue » et « ne pas se tenir au courant des évolutions de son métier ».

Les sites d’avis médicaux

A l’inverse, on est plutôt méfiants sur les sites d’avis médicaux. Vu ce qui se produit dans d’autres domaines, notamment le tourisme et la restauration, où les concurrents ne se privent pas de donner des mauvais avis, il nous semble difficile de mettre en place des sites de « notation » qui soient objectifs, transparents et utiles.

Car se pose le problème de base de la vérification. Quand vous donnez un avis sur un produit, cet avis peut être certifié avec une preuve d’achat transmise à un organisme indépendant. Chose totalement inconcevable dans un domaine où le secret médical est la règle.

La propagation de hoax

Pire encore, l’information médicale peut être totalement erronée, ou orientée. Dans les controverses sur l’homéopathie ou sur la vaccination, de nombreuses informations fausses sont propagées par des personnes de bonne foi qui reprennent, sans les vérifier, des mensonges ou des publications tendancieuses. Les labels HON ne suffisent pas.

Des hypothèses émises à un moment donné, comme le rôle des vaccins dans l’autisme, sont encore citées comme vérités d’évangiles alors que l’expérience et la statistique ont prouvé, de façon définitive que, non, ces vaccins n’avaient aucun rôle dans l’autisme.

Car Monsieur Tout le Monde se renseigne, mais il ne fait pas une étude. Il peut dire quelque chose sur son blog et l’oublier totalement ensuite, abandonner le sujet. Il est aussi difficile de faire la différence entre une personne qui parle réellement de son expérience et un « faux blog » monté par un laboratoire pharmaceutique.

Un nouvel équilibre à mettre en place

L’irruption du net dans l’information santé est récente. Des nouvelles pratiques s’instaurent peu à peu, les internautes apprennent à faire la part des choses, les médecins se rassurent et s’adaptent, deviennent eux-même des utilisateurs assidus, font des blogs où ils partagent leur savoir et leurx expériences.